Ça fait maintenant 10 ans que je fais du triathlon et l'idée de m'attaquer à la distance Ironman me trottait dans la tête depuis un bout. Typiquement, ça me tentait jusqu'à ce que je fasse un olympique bien ardu et que je conclu avec ''distance olymique = c'est bien assez''.
Mais bon, ça continuait à me travailler et l'apparition de l'événement ''CanadaMan'' a piqué ma curiosité. Il m'intéressait puisque c'est dans la région de Mégantic que j'aime bien et c'est moins cher que les courses organisés par Ironman Corporation. Et c'est la version extrême de l'ironman: mêmes distances, mais beaucoup plus de dénivellé.
J'ai regretté de ne pas m'être inscrit l'an passé et je suis passé à l'action cette année. Le 31 décembre 2018. Pas pour une question de résolution, mais parce que c'était la date limite de l'inscription avec rabais...
Passer de l'olympique à l'ironman est un méchant step. J'avais déjà fait un demi-ironman et j'avais terminé complètement cuit par la chaleur, mais quand même top 20 malgré mon allure finale de zombie.
Ma préparation a commencé dès le 1er janvier. Première étape: guérir une vieille bléssure aux chevilles. Je n'allais nul part jusqu'à ce que Isabelle la physio traite ça en stabilisant mon dos. Incroyable. J'ai aussi changer ma technique de course et je suis plus rapide avec moins d'effort. L'analyse de course= ça vaut la peine (et ça passe sur les assurances..)
Ensuite, je me suis organisé pour éviter les erreurs des années passées: faire attention aux p'tits muscles et tendons qui ont tendance à se blésser. Mes scéances de Netflix étaient donc ponctuées d'étirements et poses de yoga. C'est aussi le fun que se passer la soie dentaire, mais ça fait la différence à la fin.
J'ai fais mon entrainement typique de triathlon avec les mêmes courses (St-Amable, Drummondville, Chambly) qu'à l'habitude. Je suis bien rapide, mais aies-je l'endurance.
Mes tentatives de faire de longues sorties (>100 km en vélo, >25 km) à la course se sont butées à la vie. Mon max sera donc 90 km de vélo et 2h de course.
Je me sens quand même très en forme et je peux faire 2 entrainements par jour si nécessaire sans être fatigué. Je ne pourrai jamais être davantage près.
Voilà pour l'entrainement.
Je pars vendredi avec Émilie pour l'inscription. J'ai la roulotte et ça permet de bien relaxer samedi. Guillaume nous rejoint en PM et on va faire de la voile avant souper.
On fait un feu et je call le dodo dès que je ressens le moindre signe de sommeil. Le départ est à 4h30 et il faut se lever à 3h!
Excellente nuit et reveil pas trop pénible. On part. Il y a une p'tite marche a travers le parc des statues et je marche avec mon wetsuit tellement y fait froid.
Il doit faire moins de 10 degrés. Le tout s'enchaine assez vite et j'ai a peine 5 min pour aller dans l'eau avant le départ. Il fait noir, les coureurs ont des p'tites lumières sur leur strap de lunettes, la foule et enthausiates: c'est un bon feeling. Je me sens bien.
C'est le départ. Ma stratégie des de suivre quelqu'un le plus longtemps possible pour profiter de la draft et de la navigation et je dois me battre un ti peu pour ma ligne malgré un départ de seulement 200 personnes. Ce n'est pas le temps de se brûler. Je trouve mon poisson pilote que je pers après 2 km puisque je suis rentré dans un plongeur qui fait des photos! Je me trouve une autre draft, mais c'est une fille qui kick pas pentoute et il y a vraiment moins de bénéfices.
Il fait encore bien froid et j'enfile un gilet chaud que j'avais judicieusement placé dans mon sac. C'est parti pour 180 km de vélo avec 2600 m de dénivellé. Ça va vraiment vraiment bien. Je tiens 200 watts sur le plat et 300 watts dans les côtes. Ma puissance sur une heure est de 250 watts. Soit mon powermeter est mal calibré ou je suis vraiment en feu. Je tiens 35 km sur le plat facilement. Le parcours est tout en cotes et c'est vraiment différent de la Montérégie. Normalement, mon effort de triathlon est constant, mais là, c'est de l'intervale. Je pousse dans les cotes et je me repose dans les descentes. Pédaler dans les descentes n'est pas très payant.
Passer la montée de St-Sébastien est ardu, mais je suis encore puissant.
3h de vélo se sont écoulés. Le retour vers Mégantic est généralement en descente et j'en profite pour manger. On revient à Piopolis pour repartir vers la frontière. Et là, c'est difficile. Je commence à voir la limite de mon endurance et les cotes sont épouvantables. Je me dis ''pitié, pas une autre!''.
Les kilomètres avances moins vite et les 2 dernières heures sont de trop. Le pire est la ''côte magnétique'' avant la transition. Y parait que l'illusion d'optique fait qu'on voit une descente malgré que ça monte, mais tout ce que j'ai vu, c'est un pitch de 10% avec une asphalte neuve chauffée à blanc. J'ai monté en lacets, comme la plupart des participants y parait. Impossible de pédaler ça de face.
Le vélo m'a bien attendrit et c'est parti pour la course. Mes jambes avancent à ma grande surprise.
Je divise la course en portions de 10km et le premier 10km va bien. J'ai ensuite une forte douleur au genou droit pour les 10 prochains kilomètres, bobo qui est disparu complètement. On voit l'observatoir du Mont Mégantic à l'horizon et MAUDIT que c'est loin.
Et je suis à pied, pas en char! Émilie me suit en vélo pour le ravitaillement et la jasette me fait penser à d'autres choses que ''maudit que j'ai mal''. C'est très positif. L'hydratation est un challenge malgré la quantité astronomique de Gatorade que j'ai bu. Il y a même des moments où j'étais sur le bord du coup de chaleur malgré qu'il fait seulement 22 degrés. Mais le soleil plombe et c'est impossible d'avoir de l'ombre même dans le bois. Je peux vous dire qu'un Gatorade en slush dans une montée au gros soleil goûte la licorne en dessous d'une arc-en-soleil. Et un coke bien froid est plus délectable que le meilleur des champagnes.
ETK le corps commence à voir ses limites et j'ai de la difficulté à tenir 6 min/km sur le plat. Les montées se font à la marche. Le dernier 10km se fait dans les trails du mont mégantic et il y a 1500m de dénivellé. C'est humainement impossible de courir ça et la stratégie est de faire du power hiking. J'ai un bon beat. Je peux facilement marcher vite mais c'est extrêmement difficile de courir.
Ça fait juste trop mal. J'ai bien hâte que ça finisse. J'ai un fan club pour m'accompagner vers la fin et c'est très motivant.
Le finish s'en vient et je veux finir en force. Je réussi à courir le dernier 200 m. C'est terminé. Ho yeah.
Je termine donc 29e overall, 26e chez les hommes et 6e dans mon groupe d'age en 13h32. Je suis très content de ma journée. Tout est allé au dela de mes espérances à l'exception de la course.
Un gros merci à Guillaume et Émilie pour le support de course: tout a été A1. Une super équipe qui déballe même les tites barres avant de les mettre dans le vélo.
Prochain défi: ne rien faire. Les gens qui me connaissent savent que c'est ambitieux.